Les doctrines de défense sahéliennes : vers une autonomie stratégique

La réduction de la dépendance militaire extérieure s'obtient principalement par le développement d'une industrie de défense nationale et l'acquisition de capacités de production locales, comme le fait le Mali avec l'appui de la Russie, de l'Iran et de la Turquie pour fabriquer des armes et des munitions.

Brief Stratégique N-0027P/CVAC : Sécurité & Défense sahélienne

Introduction – Redéfinir la défense sahélienne

Face à l’insécurité chronique, à l’émergence de menaces hybrides et à la recomposition des alliances internationales, les armées sahéliennes amorcent une transformation doctrinale majeure. Longtemps dépendantes de partenariats extérieurs, elles s’orientent désormais vers une autonomie stratégique, où la défense n’est plus subie mais pensée, façonnée et assumée par les États eux-mêmes (Tercinet, 2019 ; Sacko, 2025).

I. Réduction de la dépendance extérieure

La première étape de cette mutation réside dans la volonté de réduire la dépendance vis-à-vis des partenaires traditionnels.

  • Diversification des alliances : retrait progressif de Barkhane → réalignement vers la Russie (coopérations militaires), Turquie (drones Bayraktar) et Chine (infrastructures sécuritaires).
  • Partenariats Sud-Sud : échanges de formation, renseignement et équipements entre États africains.

👉 Cette recomposition traduit une stratégie de souveraineté, où la dépendance exclusive aux anciennes puissances coloniales cède la place à une pluralité d’options.

II. Nouvelles doctrines : asymétrie et interdomaines

Les doctrines sahéliennes s’adaptent à des menaces mouvantes et à un environnement opérationnel difficile.

  • Guerre asymétrique : guérilla, embuscades, engins improvisés, drones artisanaux, mobilité rapide. Les forces sahéliennes privilégient flexibilité tactique et unités légères (Kaldor, 2012).
  • Approche interdomaines : intégration terrestre, aérien, cyber et informationnel, incluant la guerre cognitive comme front stratégique.

👉 Ces doctrines révèlent une capacité d’innovation doctrinale, où la faiblesse conventionnelle est compensée par l’agilité et l’inventivité.

III. Intégration civilo-militaire et résilience sociale

La défense sahélienne évolue vers une conception élargie de la sécurité :

  • Synergie civilo-militaire : opérations suivies de réhabilitations d’écoles et dispensaires.
  • Lien sécurité-développement : défense inclut santé, éducation, économie.
  • Résilience sociale : implication des populations comme actrices de sécurité.

👉 La sécurité n’est plus pensée comme un simple outil militaire, mais comme une architecture globale de stabilisation.

Conclusion – Vers une autonomie stratégique sahélienne

La mutation doctrinale traduit une volonté claire : façonner activement la sécurité régionale plutôt que de la subir. Trois axes décisifs :

  1. Former une élite doctrinale endogène pour produire et diffuser des doctrines adaptées.
  2. Investir dans une industrie locale de défense pour réduire la dépendance technologique.
  3. Consolider des alliances régionales autonomes pour bâtir une architecture sécuritaire propre au Sahel.

👉 L’avenir de la défense sahélienne se jouera dans sa capacité à transformer ces principes en pratiques opérationnelles et en structures pérennes.

FR — Les références académiques (APA 7e) sont intégrées dans le Brief complet téléchargeable.

EN — Full academic references (APA 7th) are included in the downloadable full Brief.

AR — جميع المراجع الأكاديمية (APA 7) مدمجة في الملف الكامل القابل للتنزيل.